MELBOURNE 1 et MELBOURNE 2

Vendredi 23 novembre (et jour de notre annniversaire de mariage)

La nuit a été un peu fraîche et à 9h 30 il fait toujours un peu frisquet et il y a comme du...oserai-je le dire...crachin ! Titou qui suit toujours la météo de près annonce 30°C cet après-midi !!! Titoune bourre dans le sac à dos tous les "au cas où" (froid, chaud, pluie, faim, soif). les voilà partis tous les deux armés de leur pass "tout transport" à l'assaut de la grande ville. Ils grimpent dans le bon bus (ouais !!!), ils descendent au bon arrêt (ouais !!!). Ils prennent le bon métro (ouais !!!), ils descendent à la bonne station (ouais !!!) Trop forts !!!

Il nous a fallu une heure pour arrivée à la City. Le I visitor est sous notre nez. On est obligé de prendre un tiquet et de faire la queue comme à la poissonnerie d'un super marché. La machine qui distribue les tickets d'attente vous demande votre langue. Français cliqué-je. Vous auriez pensé quoi vous ? Moi j'ai pensé qu'on allait avir un interlocuteur français. Je comprends que non au moment où ils appellent le "fourty two" (42) mais le monsieur qui nous reçoit est malgré tout extrêmement sympatique. Il est visiblement content de parler avec des Français. On lui raconte le voyage, la correspondante australienne, notre proche retour...Pour Elita, il nous dit quelle ligne de métro prendre, il cherche sur une carte l'endroit précis où elle habite, calcule avec l'échelle que c'est à moins d'un km de la station de métro, qu'on peut y aller à pied mais qu'il y a peut-être un bus... Vingt minutes après, on repart avec plein d'infos sur la ville, une pile de documents et la carte photocopiée pour trouver Elita et tout d'un coup tout devient facile et possible. C'est décidé nous resterons à Melbourne un jour de plus pour Elita.

Une navette "touristes" propose une découverte de la ville, nous le prenons. Avec la Yarra River en guise de Seine et le Sky Deck de 300 m de haut en guise de tour Effel, Melbourne tente de se la jouer Paris. Le Sky Deck est une tour résidentielle de 88 étages, la plus haute de l'hémisphère sud ....jusqu'à ce que Dubai fasse mieux. Et si on y allait ? Soif de grandes sensations ? Un ascenseur nous emporte au 88 eme étage à la vitesse de 9m/s. Tout l'étage est entièrement vitré...jusqu'en bas. Même pas peur ! Moi qui ai le vertige en montant sur une table pour changer une ampoule, je suis un peu déçue. Une partie est en terrasse ouverte avec juste du grillage comme protection. Même pas peur non plus et du coup on n'a pas essayé la pèce en verre coulissant dans le vide. En revanche la vue sur Melbourne vaut le déplacement et puisque notre apétit est intact, nous déjeûnons à 285 m ras la vitre. Et puis...nous redescendons à la même allure.

Nous déambulons dans quelques rues puis reprenons la navette qui nous dépose au King Botanic Garden. Il fait très chaud au soleil et très frais à l'ombre. En Australie on sent la brulure du soleil, peut-être parce que la couche d'ozone y est moins dense qu'ailleurs. Ensuite, nous rentrons sagement "à la maison" fêter notre jour anniversaire ... et rédiger la blog et là, je me rends compte que les photos ne passent plus...

Et le petit cadeau ...

Samedi 24 novembre

Nous avons deux projets pour aujourd'hui : visiter l'aquarium et aller voir Elita.

Hier soir, je me suis surprise à me faire un peu de relooking...vous savez ce genre de choses que personne ne remarque mais qui vous met en confiance. Ce matin je me nippe "décontracte" mais nippe quand même et Titou...eh bien oui, titou aussi !!! Bon on est parti ! Quoi ? Evidemment j'ai rajouté Kako dans le sac !!!

Comme il n'est que 8h 30, on se dit qu'il est plus opportun d'aller en premier lieu chez Elita et ensuite à l'aquarium ...peut-être. On calcule qu'une heure pour le centrte ville et une heure pour se rendre chez Elita, ça fait 10h 30, heure correcte pour une visite.

Dans le métro les gens baillent. Le petit chinois costard-cravate qui est monté avec un mug cartonné plein de thé creuse ses joues pour faire monter le précieux liquide dans ce qui fat office de pipette.

La dame noire aux cheveux "façon blancs" lissés, laqués fixe obstinément le vernis à ongles oranger-rouge de ses pieds coupés en deux par la bride violette de ses tongues qui dépassent d'une robe longue très fleuries dans des tons roses et bleus.

Quant à cette jeune femme, la quarantaine, cheveux roux, elle a choisit sa belle robe verte dos nu très courte et très foncée à la taille qui expose effectivement sa chair dont une grande partie ne peut que déborder de part et d'autre d'un soutien-gorge blanc cassé.

Ce jeune homme monte avec sac à dos, skate, mug, et un truc genre brioche. Il ne fait qu'un pas et installe tout par terre et lui avec devant la porte. Le breackfast peut commencer indépendemment des gens qui montent et descendent en l'évitant sans même le remarquer.

Les deux mignonnes petites chinoises de chaque côté de la porte auraient pû être placées là pour la déco. Elles se ressemblent comme deux soeurs sauf qu'elles ne se parlent pas. Une des deux tient dans la main un container transparent avec une paille de gros calibre qui plonge dans une bouillie épaisse et grumeleuse pas très ragoutante à laquelle d'ailleurs elle n'a pas touché depuis le début.

Il y a aussi ce grand échalas à la peau blanc-lait diaphane et aux yeux bleus inexpressifs. Vêtu d'un short-salopette et d'un marcel très échancré, il exhibe ses genoux cagneux et se têtons. Un fille l'a trouvé beau. Elle appuie sa tête contre son épaule, la relève de temps à autre en souriant et tente de croiser les yeux bleus-ternes avec de magnifiques yeux noirs maquillés pour lui, espérant que l"intensité de l'amour qu'ils dégagent le sortira de sa torpeur puisque les chatouillis sur la main et l'épaule l'ont laissé froid. Attendrissante cette petite jeune fille musulmane qui ne montre que son visage. Ils partagent toutefois une des branche de l'Y d'un portable qui diffuse de la musique je suppose et un bracelet identique enserre leur poignet gauche. Les extrêmes s'attirent dit-on...

Encore une station et on est arrivé. Les deux mémés à côté de moi s'expriment très haut. Apparemment, le sachet de cookies a été acheté par celle qui le tient sur ses genoux et qui a perçu l'envie très palpable de l'autre dy goûter. Elle propose le partage, l'autre refuse puis finit par accepter et ça dure ainsi jusqu'au dernier biscuit qu'on va quand même partager en deux.

On approche maintenant de la stationde Macleod. C'est une zone résidentielle. Les maisons sont basses et couleur brique. Je regarde ce paysage qu'Elita connaît par coeur. Peut-être était-elle assise dans cette voiture il y a peu de temps, peut-être à ma place ? Je repasse en mémoire les quelques photos que j'ai d'elle. Grande, cheveux mi-longs, blonds presque blancs, elle a seize ans, magnifique sur une plage....Ses parents partent en vacances à l'étranger. L'année dernière, ils sont venus en Ecosse. C'est hiver c'est au Mount Gambier et dans les Grampians qu'ils iront skier. Des gens aisés sûrement. Elle veut être dentiste. Mon papa à moi est mort depuis deux ans, je ne pars plus en vacances et du haut de mes 13 ans je réalise "qu'elle est trop bien pour moi". Est-ce pour celà que nos courriers se sont espacés ? Je n'en sais rien. Petit à petit, elle n'a plus joué le jeu, plus écrit en français parce qu'elle trouvait que c'était trop difficile. Je me souviens que je trouvais que ce n'était pas juste que je sois la seule à faire l'effort. Bref 50 ans de silence. J'essaie de l'imaginer 50 ans après, peut-être en train de nous servir le thé, de nous inviter le lendemain, j'imagine des après et je dis à Titou : " tu sais ça doit être une très belle femme " et Titou, vous le connaissez, il me répond : "qui ?"

Quelques personnes descendent à la petite station de Macleod. Je repère avec la carte l'orientation de la gare, les routes qui en partent et celles qu'il nous faudrait suivre à pied sur 1 ou 2 km. Titou repère l'arrêt de bus. 3 personnes attendent. Nous lisons les lignes desservies, le nom des arrêts et ça ne nous dit absolument rien. On peut attendre le bus et demander au chauffeur ? En Australie, quand on vous voit en difficulté il se trouve toujours quelqu'un pour vous aider. Aujourd'hui, c'est un couple de noirs très distingués. Lui très grand, genre directeur d'école, elle plus petite avec des lunettes genre instit. "Où voulez-vous allez ?" Je lui montre sur la carte. Elle la prend, repère les rues, "le bus prend cette direction, demandez au chauffeur de vous déposer ici." On est sauvé! J'ai failli l'embrasser. En attendant l'arrivée du bus, on discute, je lui raconte Elita. Elle est touchée par l'histoire et heureuse d'y prendre part à sa façon.

Le bus arrive. La troisième personne monte et demande également une foule de renseignements au chauffeur. Nous attendons notre tour pendant que le couple noir s'installe. Je montre sur la carte à quel endroit nous devons nous rendre et le chauffeur dit pas de problème, iol faut que vous descendiez à la station "Reservoir". Les amis noirs descendent aussi à la station "Reservoir" la chance est avec nous ! Le trajet du bus est ponctué de ses arrêts habituels je présume sauf qu'à un moment je me dis qu'il met bien du temps pour faire 2 voire même 3 km ! Titou très positif et confiant :"il fait peut-être une boucle". Mon regard happe au passage le nom d'une rue. Je la cherche sur la carte photocopiée et finis par la trouver à l'opposé de là où nous devons aller !!! Il est 11 h, nous avons quitté les quartiers résidentiels depuis un bon moment et nous redescendons ... au fond du réservoir!

A la station "Reservoir" , je n'ose pas regarder les noirs. Ils descendent. Je choppe le chauffeur :"Et maintenant comment je fais pour aller là ?" Il fouille dans une boîte, cherche quelquechose qu'il ne trouve pas tout de suite...ses LUNETTES !!! Il voit enfin ma carte et me dit "oh sorry, il faut que vous preniez maintenant un autre bus qui va dans le coin. C'est le bus n° 1 là-bas".

A l'arrêt n°1, le prochain bus passe dans une demi-heure. Il fait chaud, il est bientôt midi et Titou a faim. De l'autre côté de la rue c'est écrit "bakery" (boulangerie) et il traduit illico Titou! Moi, empêtrée dans mes pensées, je ne vois même pas l'enseigne et en traversant, je suggère :" on a qu'à manger ici ensuite on rentre, de toutes façons on ne peut pas débarquer chez les gens à cette heure là". Titou accélère le pas en maugréant : "on est venu jusque là, on ira jusqu'au bout quelle que soiut l"heure à laquelle on arrive". Moi, je cours derrière et je vois enfin l'enseigne Indian Bakery. Je crie "attends, c'est une boulangerie indienne peut-être que tu n'aimeras pas". Nous stoppons devant la vitrine. Je ne vois que le grand monsieur au turban noir et aux yeux "Kebir Bedi" et ça suffit pour que je pousse la porte... Comment ça vous ne savez pas qui est Kébir Bédi ? Sandokan ? Le Tigre du Bengal ? Ca ne vous dit rien ? Non ? Eh bien il vous reste internet.

Après nous avoir saluer, Sandokan me complimente sur ma belle tresse. Nous évitons les choses qui risquent d'être trop épicées; Le Tigre renouvelle son compliment et je redis "rhank you very much". Nous achetons une barquette de gâteaux secs appétissants 3$ et au moment où on dit "au revoir" j'entends à nouveau que j'ai de très beaux cheveux. Eh bien dites-donc, je le referai de descendre ma casquette sur le nez et de mettre des lunettes de soleil, apparemment ça cache assez bien mes plis de viel Apache !

Revenus sur le trottoir, on se dépêche d'ouvrir la barquette et on traverse la rue en mangeant le premier biscuit (fameux d'ailleurs). A l'arrêtn°1, j'ai le sac dans le dos, la barquette dans une main dans laquelle nous piochons au gré de nos envies.. Deux mémés (encore !) bcbg sotant sûrement de chez le coiffeur passent. La première ne nous voit pas, la deuxième voit les biscuits...et s'arrête : "oh comme ils ont l'air bon !" Titoune vous la connaissez :"servez-vous" "oh non merci mais ils sont très beaux où les avez-vous achetés ? Je lui indique l'Indian Bakery "goûtez au moins". Elle refuse et s'éloigne avec plein de "thank you" et de sourires. Incroyables ces Australiens !

Titou enveloppe les biscuits restants dans un mouchoir en papier et jette la barquette qui tient trop de place. On prend un coup de soleil, il fait très chaud, on est les seuls à attendre. Je ressors ma carte car le bus arrive enfin !.... et je vous le donne en mille....C'EST LE MEME CHAUFFEUR !!!! Je le vois prendre ses lunettes, il ouvre la porte descend, m'arrache presque la carte des mains et disparait dans la station. Avec Titou, on se regarde, cette fois on n'a même plus de carte !. Au bout de 5 minutes, il revient et nous explique où on est (c'est pas sur la carte), le trajet qu'il va faire (on revient sur la carte) l'endroit où il va nous déposer qui semble être en effet très près de chez Elita. Et on repart et ça dure (évidemment). Il nous dépose : "thank you very very much". On est à un carrefour, il y a un resto chinois, on y va. Les gens attablés mangent des plats très odorants et ne nous voient même pas. Le petit monsieur aux yeux bridés prend ma carte, l'examine pendant un bon moment puis, triomphant :"vous êtes tout près".

Nous passons devant la maison d'Elita et traversons sa rue sans les voir. Très vite, je me rends compte qu'on est allé trop loin. Nous nous retournons et "Grieve Street" m'apparait en lettres d'or. C'est quel n° demande Titou. En même temops que je réponds je vois briller le 1 qui s'éteint aussitôt. Je sais à l'aspect de ce qui a dû être jadis une magnifique demeure qu'Elita n'est plus là. Titou dit : "Il faut y aller". La pelouse est grossièrement tondue. Il y a une pile de vieux journaux entassés dans un coin. La sonnette ne marche plus. Une vitre est cassée. Mais je frappe. Un chien aboie. Un jeune homme type indien nous ouvre. Je lui raconte brièvement mon histoire. Il a acheté la maison depuis trois ans. Ce nom là ne lui dit rien. Avant de repartir, on lui demande si la station de métro est loin d'ici, il dit 25 min. Nous n'en mettrons que 10 !!!

L'après-midi, nous ommes allés à l'aquarium. Nous avons circulé dans des galeries en verre au milieu des poissons qui nous regardaient.

Nous sommes rentrés par le même chemin. J'ai vidé mon sac, remis Kako qui n'a pas dit un seul mot, sur le tableau de bord.

Et le petit cadeau...